Essai d'atlas statistique de l'Indochina [A Temptative Statistical Atlas of Indochina]
by Henri Brenier
The first attempt to assess the economic development and potential of French Indochina, with Cochinchina as focus of attention.
Type: e-book
Publisher: Hanoi-Haiphong, Gouvernement Général de l'Indochine [with 88 graphs, 38 maps]
Edition: digital version via gallica.bnf.fr (4 pages missing at the end of document)
Published: 1913
Author: Henri Brenier
Pages: 258
ADB Library Catalog ID: eATLBERN
With 126 maps and graphs, all of them commented, this “temptative atlas” of the Indochinese economy at the turn of the century is a valuable document for researchers. Demographics, exports and imports, taxes and excises, agricultural, forest, fishing and typically colonial plantations such as rubber volumes of output, are explored in great detail.
The author, a confirmed cartographer, a statistician and an investor personally involved in economic ventures (sugar production, in particular), gives us a quite impartial take on the challenges faced by the members of the Union indochinoise, entity formed in 1887 and including Annam, Tonkin, Cambodia and Cochinchina.
The French Cochinchina received a particular treatment in the atlas, since 1) in the French colonial scheme, it was the main target of “direct colonization”, encouraging French investors to develop rice and rubber plantations; 2) sensing the pressure from Annamite powers and the demographic pressure from local Vietnamese settlements, France was pushing for the marginalization of historic Khmer communities, partircularly in what was called “West Cochinchina.”
Demographics: negating the Khmer
We quote this part on “the Cambodians” — the term “nation” being scrupulously avoided — since it reflects the assumption, then in vogue among the French administrators, that the Khmer ethnic group was in fact a mix of everything else:
En y comprenant les Cambodgiens de Cochinchine, les Khmers seraient environ 1.500.000 (1.300000 dans le royaume). Quelques dizaines de mille sont mélangés aux Thais dans le Bas Laos et dans le Laos Siamois; les autres sont dans l’Ouest de la Cochinchine, qu’ils occupaient entièrement autrefois. Quel est le fond du groupe ethnique cambodgien ? Il est bien difficile de le dire. Il paraît être à l’heure actuelle un mélange de Chams, de Malais, de Thais (Siamois et Laotiens) et même de Chinois, avec, primitivement sans doute, un flot beaucoup plus épais de sang indonésien. A ce point de vue, il est curieux de signaler qu’un des auteurs chinois cités dans l’étude si décisive de M. Pelliot sur le Fou-nan, royaume, qui aurait précédé, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, celui des Khmers dans le Bas Mékong, décrit les hommes du pays comme « tous laids noirs, aux cheveux frisés ». La deuxième, et surtout la dernière épithète n’indiqueraient-elles pas du sang négrito ?
Quant au petit groupe de «civilisateurs hindous », suivant l’expression consacrée, qui, venus en missionnaires, ont sans doute fait bâtir ces admirables temples dont les ruines (Angkor, et nombre d’autres) demeurent une des merveilles de l’Asie et du monde, ils n’entrent dans l’histoire authentique, en tant que constructeurs, que vers la fin du VIe siècle ap.J. C. On ignore par quelle voie ils sont venus, et ils semblent avoir disparu brusquement (au moins de l’histoire), au XIIIe siècle, après la prise d’Angkor par les Thai.
Les Cambodgiens, où le Brahmanismefut, a un moment donné, prédominant, mais chez lesquels le Bouddhisme avait, même à la période d’Angkor, des sectateurs, sont, à l’heure actuelle, des Bouddhistes relativement fervents (Bouddhisme du Sud, ou Petit Véhicule). Les Thai sont également bouddhistes, mais avec un fort mélange de croyances naturistes ou animistes primitives.
[Including the Cambodians of Cochinchina, the Khmers would number about 1,500,000 (1,300,000 in the kingdom). A few tens of thousands are mixed with the Thais in Lower Laos and in Siamese Laos; the others are in Western Cochinchina, which they once occupied entirely. What is the basis of the Cambodian ethnic group? It is very difficult to say. It appears to be at present a mixture of Chams, Malays, Thais (Siamese and Laotians) and even Chinese, with, originally no doubt, a much thicker flow of Indonesian blood. From this point of view, it is curious to note that one of the Chinese authors cited in Mr. Pelliot’s very decisive study on Fou-nan, a kingdom which preceded, in the first centuries of the Christian era, that of the Khmers in the Lower Mekong, describes the men of the country as “all ugly blacks, with curly hair”. Would not the second, and especially the last epithet, indicate Negrito blood?
As for the small group of “Hindu civilizers”, according to the consecrated expression, who, having come as missionaries, without doubt had these admirable temples built whose ruins (Angkor, and many others) remain one of the wonders of Asia and the world, they do not enter authentic history, as builders, until towards the end of the 6th century AD. C. It is unknown by what route they came, and they seem to have disappeared abruptly (at least from history), in the 13th century, after the capture of Angkor by the Thai.
The Cambodians, where Brahmanism was, at one time, predominant, but among whom Buddhism had, even in the Angkor period, followers, are, at present, relatively fervent Buddhists (Southern Buddhism, or Lesser Vehicle). The Thai are also Buddhists, but with a strong mixture of primitive naturist or animist beliefs.][p 17]
Cambodia at a disavantadge in the statistics
Au Cambodge, le chiffre fourni pour les capitaux immobilisés dans le pays est beaucoup plus élevé que celui auquel nous nous sommes arrêtés pour l’Annam (25 au lieu de 10 millions). Il est vrai de dire que quelques grosses entreprises comme celles des Eaux et de l’Electricité de Pnom-Pênh, — comme des succursales importantes de maisons d’importation de Saigon, viennent de suite faire gonfler l’estimation. Il n’est que juste de rappeler que le poivre, le coton, les poissons secs et salés, une partie du riz, qui sortent de Saigon, viennent en réalité du Cambodge. D’autre part, le bétail a fourni jusqu’en 1912 un gros appoint à l’export cambodgien.
Le commerce direct donne une idée tout à fait inadéquate des ressources et des besoins du Cambodge. Le commercese fait toujours principalement par Saigon. A noter cependant une importation directe de 3.185.000
francs de France, dont 1.176.000 francs de tissus. La colonisation agricole est encore peu importante. On fait surtout
du poivre— ; un peu de kapok ; quelques essais de caoutchouc. [p 204] […] Nous avons constaté que les 16 millions d’habitants qu’il est raisonnable d’attribuer à l’Indochine française étaient très inégalement répartis au point de vue densité, entre les 700.000 kilomètres carrés de la colonie, et entre les races, ou, plus exactement, les groupes ethniques qu’on y rencontre, les Annamites prédominant de beaucoup (12.600.000 sur 16.000.000). Ces différentes répartitions ethniques, que la géographie et l’histoire expliquent et que compliquent des différences de religions
rattachées elles-mêmes à l’histoire (bouddhisme du Cambodge et du Laos ; confucianisme (dominant)des pays annamites), imposent des solutions différentes aux problèmesd’ordre administratif et politique, lesquels
ont cependant à leur tour un lien qu’on né saurait méconnaître avec la géographie physique. [p 206]
Taxes in the Cambodian budget
Les Contributions directes et taxes assimilées représentent, pour le Budget local du Cambodge : 3.392.100 $, pour les prévisions de 1913, sur un total (Recettes ordinaires) de 4.550.000 $; et 3.199.500 $ pour 1904 (sur 4.395.413). Dans cette catégorie d’impôts, la recette la plus forte est fournie par le produit des prestations (1.092.100 $ prévues en 1913— ; 1.092.000$ en 1914). Elle revenait autrefois aux budgets résidentiels (provinciaux), supprimés à partir du 1er janvier 1913. Chaque contribuable doit, par an, (ordonnance royale des 4 janvier 1902 et 26 juin 1903), 10 journées de prestations — avec rachat autorisé, à raison de 0 $ 30 par journée –, pour tous les inscrits (0 $ 60, pour les Chinois et les Indiens depuis 1913. Ordonn. roy. du 10 juin 1912). Vient ensuite l’impôt personnel des Cambodgiens et des Malais (Ordonnance royale 29 octobre 1907, arrêté du Résident supérieur du 5 novembre— chaque inscrit(homme valide de 21 à 60 ans) doit 2 $ 50 — Carte spéciale (gratuite) pour les jeunes gens de 18 à 20 ans. Exemptions: famille royale ; mandarins, Bakous, bonzes, fonctionnaires royaux et provinciaux, infirmes, militaires ; à titre exceptionnel, pendant 1 an les immigrants venus de l’étranger. Remise de 5 % aux collecteurs. Perçu 1912: 706.206 $; prévu 1913, 697.000 $ ; 1914, 703.000 $. Les Annamites domiciliés depuis un an (Ordonn. 31 décembre 1891 ; arrêté du Gouverneur général 11 février 1893) paient 3 $ 0. Exempts : mâles de moins de 18 ans, vieillards de plus de 55, invalides (laissez-passer gratuit). Remise de 3 % aux collecteurs. 52.000 $ prévues pour 1913; 52.223 $ réalisées en 1912; 52 000$ prévues pour 1914.
Les droits d’immatriculation des Chinois et des Indiens ont été réglementés par arrêté du Gouverneur général du 2 janvier 1913; (6 catégories: 150 $, 88 $, 15 $, 10 $, 7 $, suivant la catégorie de la patente — Exemptions : femmes, filles ; infirmes ; vieillards au-dessus de 60 ans incapables de subvenir à leurs besoins, ou appartenant à la 6e catégorie s’ils ont 15 ans de séjour au Cambodge ; chefs de congrégations ; Asiatiques étrangers employés dans les exploitations agricoles appartenant à des Européens ou assimilés.) Recettes prévues 1913, 284.000 ; réalisées 1912, — 248.510$; prévues 1914, 285.000 $ des centièmes additionnels, d’un total plus important (30.000 $, 1913, 40.000 $ 1914), sont perçus aux impôts personnels des Cambodgiens, des Annamites, aux droits d’immatriculation des Chinois, à l’impôt des patentes et des barques. Maximum (Arr. 27 août 1903) 10 %. L’impôt des patentes (3) a rapporté 73.297 $ en 1912. Prévisions : 1913, 74.000 $ ; 1914, 70.000 $. — Impôt sur les barques (arrete 16 janvier 1897). Celles jaugeant moins de 11 piculs, ou appartenant à des Cambodgiens, sont exemptes. Les autres paient une contribution annuelle variant de 0 $ 60 à 11 $ 30.
L’impôt sur les produits de la terre est perçu d’une façon spéciale en ce qui concerne les paddys. (Ordonn. 4 déc. 1903). Il est fixé sur le produit et non sur la terre (excepté dans le territoire de Battambang) : 0 $ 05 pour les 20 premières mesures (30 kgs) ; o $ 04. pour les suivantes. Au-dessous de 10 mesures, exemption. Il est donc variable suivant la récolte (1.075.000 $ en 1910; 489.000 $ en 1912 — Prévisions 1913 : 782.000$; 1914: 616.000 $ (moyenne des 3 dernières années). Collecteurs spéciaux Remise de 10 pc aux collecteurs. Les terrains de berges (chamcars) et ceux d’habitations (ordonn. 29 oct. 1907) sont frappés, au mètre carré, d’une redevance déterminée par le percepteur suivant la superficie, la nature de la culture, la qualité du terrain, le redevance, des années précédentes. Remise de 8% aux collecteurs. Tous les terrains qui né sont ni des rizières, ni des chamcars sont dénommés pontéas (0rdonnance royale 17 oct. 1907). Taxes diverses, à l’hectare, suivant les cultures (tabac : 10$; coton, 3 $ 80 ; mûrier, 1 $ 10 etc .). Remise de 10% aux collecteurs. Les palmiers à sucre (0 $ 10 par arbre exploité); le poivre (impôt en nature (1 à 4 taëls par pied suivant la hauteur des pieds, acquitté en numéraire au cours moyen du poivre à l’époque de la perception) ; les cardamomes (15 % sur le produit de la vente aux enchères, à Phnompenh, au profit des cultivateurs) donnent lieu à des perceptions spéciales (remises de 10 à 3 1⁄2 % au profit des collecteurs). Le tout (en dehors de l’impôt des paddys représente environ 300.000$.
Des autres produits, il n’y a lieu de retenir que ceux des Forêts (197.000 $ pour 1913 ; 204.553 pour 1914 : perçu, en 1912, 205.275 $), et, parmi les produits affermés ceux des pêcheries (affermage : 373.000 $. — Droits sur les engins de pêche (très compliqués; 30 types d’engins): 67.000 $ pour 1914).
La Subvention du Budget général, qui n’était que de 35.000 $ pour 1913 n’est plus prévue pour 1914, vu l’état prospère du budget du Cambodge. Sa Caisse de réserve comportait un avoir de 1.209.000$ au 30 juin 1913. Aussi le budget de 1914 prévoit-il un prélèvement (recettes extraordinaires) de 570.500 $, à appliquer aux Travaux Publics (Routes et ponts).
[Direct contributions and similar taxes represent, for the local Budget of Cambodia: $3,392,100, for the 1913 forecast, out of a total (ordinary revenue) of $4,550,000; and $3,199,500 for 1904 (out of $4,395,413). In this category of taxes, the highest revenue is provided by the product of benefits ($1,092,100 forecast in 1913 — ; $1,092,000 in 1914), which used to come back to the residential budgets (provincial), a disposition abolished from January 1, 1913. Each taxpayer must, per year, (royal ordinance of January 4, 1902 and June 26, 1903), 10 days of benefits — with authorized buy-back, at a rate of $0.30 per day -, for all those registered ($0.60, for the Chinese and Indians since 1913, Royal ordinance of June 10, 1912). Next comes the personal tax of Cambodians and Malays (Royal Ordinance October 29, 1907, decree of the Superior Resident of November 5). Each registrant (able-bodied man from 21 to 60 years old) owes $2.50 — Special card (free) for young people from 18 to 20 years old. Exemptions: royal family; mandarins, Baku, bonzes, royal and provincial officials, the disabled, military; exceptionally for 1 year immigrants from abroad. 5% discount to collectors. Collected 1912: $706,206; planned for 1913, $697,000; 1914, $703,000. Annamites domiciled for one year (Ordinance December 31, 1891; decree of the Governor General February 11, 1893) pay $3 0. Exempt: males under 18, seniors over 55, disabled (free pass). 3% discount to collectors. $52,000 planned for 1913; $52,223 realized in 1912; $52,000 planned for 1914.
The registration fees for Chinese and Indians were regulated by order of the Governor General on January 2, 1913; (6 categories: $150, $88, $15, $10, $7, depending on the category of the license). Exemptions: women, girls; the disabled; old people over 60 years old unable to provide for their needs, or belonging to the 6th category if they have lived in Cambodia for 15 years; heads of congregations; foreign Asians employed on farms belonging to Europeans or similar.) Expected revenue 1913, 284,000; realized 1912, — $248,510; planned for 1914, $285,000 of the additional hundredths, of a larger total ($30,000, 1913, $40,000 1914), are collected from the personal taxes of the Cambodians, the Annamites, from the registration fees of the Chinese, from the tax on patents and boats. Maximum (Arr. August 27, 1903) 10%. The tax on patents brought in $73,297 in 1912. Forecasts: 1913, $74,000; 1914, $70,000. — Tax on boats (decree January 16, 1897). Those measuring less than 11 piculs, or belonging to Cambodians, are exempt. The others pay an annual contribution varying from $0.60 to $11.30.
The tax on land products is collected in a special way with regard to paddy. (Ordinance 4 Dec. 1903). It is fixed on the product and not on the land (except in the territory of Battambang): $0.05 for the first 20 measures (30 kgs); $0.4 for the following ones. Below 10 measures, exemption. It therefore varies according to the harvest ($1,075,000 in 1910; $489,000 in 1912 — Forecasts 1913: $782,000; 1914: $616,000 (average of the last 3 years). Special collectors Discount of 10% to collectors. Riverbank land (chamcars) and residential land (ordinance 29 Oct. 1907) is subject to a fee per square meter determined by the collector according to the surface area, the nature of the crop, the quality of the land, and the fee from previous years. Discount of 8% to collectors. All land that is neither rice fields nor chamcars is called pontéas (Royal Ordinance 17 Oct. 1907). Various taxes, per hectare, depending on the crops (tobacco: $10; cotton, $3.80; mulberry, $1.10 etc.). 10% discount to collectors. Sugar palms ($0.10 per tree exploited); pepper (tax in kind (1 to 4 taels per tree depending on the height of the trees, paid in cash at the average price of pepper at the time of collection); cardamoms (15% on the proceeds of the auction, in Phnompenh, for the benefit of the farmers) give rise to special collections (discounts of 10 to 3 1/2% for the benefit of the collectors). The whole (excluding the paddy tax represents about $300,000.
Of the other products, it is necessary to retain only those of the Forests ($197,000 for 1913; $204,553 for 1914: collected, in 1912, $205,275), and, among the leased products, those of the fisheries (leasing: $373,000. — Rights on fishing gear (very complicated; 30 types of gear): $67,000 for 1914).
The General Budget Subsidy, which was only $35,000 for 1913 is no longer budgeted for 1914, given the prosperous state of the Cambodian budget. Its Reserve Fund had assets of $1,209,000 on June 30 1913. The 1914 budget therefore provides for a levy (extraordinary revenue) of $570,500, to be applied to Public Works (Roads and Bridges).] [p 76]
The “Cochinchina Model”
Brenier’s work admits that “des 308.000 hectares accordés en Concession aux Européens (ou assimilés, c’est‑à dire les indigènes ou Asiatiques naturalisés Français) en Cochinchine, 102.000 hectares étaient mis en valeur à la fin de 1912, surtout dans l’Ouest”. [Of the 308,000 ha granted in Concession to Europeans (or assimilated persons — that is to say, natives or Asians naturalized as French) in Cochinchina, 102,000 ha were farmed at the end of 1912, mostly in the West [ie Cambodian territories].] The inbalance between Annamites and Cambodians in the Mekong Delta can be measured in this description of the region administrative model:
Notre administration s’exerce dans des formes differentes suivant qu’il s’agit des sujets de notre colonie de Cochinchine, où nous sommes établis, effectivement, depuis 1867 (de 1859 à 1867, période de conquête), où l’administration indigène est représentée non par des mandarins, mais, dans le fait, par les chefs de canton, et où la justice est rendue partout, par des magistrats de carrière français qui connaissent de toutes les affaires, même entre indigènes (tout en leur appliquant leurs lois); suivant qu’il s’agit au contraire des protégés de nos Protectorats du Cambodge (1863; en réalité 1884), de l’Annam-Tonkin (1883 ; en réalité: état de guerre et piraterie jusque sous M. de Lanessan en 1893) et du Laos (1893).
Ici, les autorités indigènes exercent encore leurs pouvoirs au point de vue administratif et judiciaire (avec application de la loi indigène) sous notre contrôle, qui tend d’ailleurs à devenir de plus en plus serré. Nous avons cherché à maintenir des institutions fondamentales comme celle de la Commune annamite bien que ce petit Etat dans l’Etat, « gouverné oligarchiquement par des notables qui se recrutent« eux-mêmes », instrument extrêmement commode d’administration, né soit pas sans défaut, surtout au point de vue fiscal. Nous avons amélioré la situation, et nous cherchons à améliorer le recrutement des mandarins indigènes. Nous leur donnons un statut, un avancement régulier et, comme à tous les fonctionnaires indigènes : une retraite. Nous codifions les lois indigènes, qui restent, nous le répétons, contrairement à une opinion trop répandue ; toutes les fois que des Français ou des étrangers né sont pas en cause, la loi des parties, en nous efforçant d’y introduire plus de clarté et une justice plus humaine. La représentation indigène existe en Cochinchine depuis plus de 30 ans (1880) pour le Conseil colonial (un tiers des membres) ; depuis 1889 pour les Conseils de province, qui sont consultés sur l’impôt. Des Annamites font partie des Conseils municipauxélus de Saigon, de Cholon, d’Haiphong et de Hanoi ; et, avec des Cambodgiens des Chambres de Commerce, d’Agriculture et des Chambres mixtes de la colonie ; du Conseil de Gouvernement. La Commission consultative des Notables indigènes de Paul Bert (1886) au Tonkin, après plusieurs vicissitudes, vient d’être réorganisée (sous le nom de Chambre consultative indigène instaurée par M. le Gouverneur général Beau). Son corps électoral et ses attributions viennent d’être élargies par M. le Gouverneur général Sarraut. Celui-ci a également ajouté aux Conseils de Résidence qui existaient au Cambodge depuis 1903, une Assemblée consultative indigène appelée à donner son avis sur les questions d’ordre fiscal, administratif ou économique intéressant la population indigène du royaume ; et inauguré en Annam, des Commissions consultatives provinciales, premier pas dans la voie du régime représentatif (en dehors du système spécial de la commune). Les Français d’Indochine sont représentés par un Député, par des Délégués au Conseil supérieur des Colonies (Annam-Tonkin, et Cambodge), par une majorité des 2⁄3 au Conseil colonial de Cochinchine.
[Our administration is exercised in different forms depending on whether it concerns the subjects of our colony of Cochinchina, where we have been established, in fact, since 1867 (from 1859 to 1867, period of conquest), where the native administration is represented not by mandarins, but, in fact, by the canton chiefs, and where justice is rendered everywhere by French career magistrates who hear all cases, even between natives (while applying their laws to them); depending on whether it concerns, on the contrary, the protégés of our Protectorates of Cambodia (1863; in reality 1884), Annam-Tonkin (1883; in reality: state of war and piracy until under Mr. de Lanessan in 1893) and Laos (1893). Here, the native authorities still exercise their powers from an administrative and judicial point of view (with application of native law) under our control, which tends to become more and more tight. We have sought to maintain fundamental institutions such as that of the Annamite Commune although this small State within a State, “oligarchically governed by notables who recruit “themselves”, an extremely convenient instrument of administration, is not without its faults, especially from a fiscal point of view. We have improved the situation, and we are seeking to improve the recruitment of native mandarins. We give them a status, regular advancement and, as with all native officials: a pension. We are codifying the native laws, which remain, we repeat, contrary to a widespread opinion; whenever French or foreigners are not involved, the law of the parties, striving to introduce more clarity and a more humane justice.
Indigenous representation has existed in Cochinchina for over 30 years (1880) for the Colonial Council (one third of the members); since 1889 for the Provincial Councils, which are consulted on taxes. Annamites are part of the elected Municipal Councils of Saigon, Cholon, Haiphong and Hanoi; and, with Cambodians, of the Chambers of Commerce, Agriculture and Mixed Chambers of the colony; of the Government Council. The Consultative Commission of Indigenous Notables of Paul Bert (1886) in Tonkin, after several vicissitudes, has just been reorganized (under the name of Indigenous Consultative Chamber established by Governor General Beau). Its electoral body and its attributions have just been enlarged by Governor General Sarraut. This also added to the Councils of Residence which had existed in Cambodia since 1903, an indigenous consultative assembly called upon to give its opinion on questions of a fiscal, administrative or economic nature concerning the indigenous population of the kingdom; and inaugurated in Annam, provincial consultative commissions, a first step towards a representative régime (outside the special system of the commune). The French of Indochina are represented by a Deputy, by Delegates to the Higher Council of the Colonies (Annam-Tonkin, and Cambodia), by a majority of 2⁄3 to the Colonial Council of Cochinchina.] [p
A “frugal” colonial administration?
Le personnel administratif européen proprement dit représente (en y comprenant outré les Services civils (Administrateurs et percepteurs d’impôt), la Garde indigène, la Gendarmerie, la Magistrature et les Services
administratifs et politiques du Gouvernement général), un total (effectifs budgétaires de 1913) de 1491 fonctionnaires pour 16 millions d’habitants. Dans l’Administration provinciale, le nombre le plus faible d’indigènes par fonctionnaire européen est de 5.227 habitants, mais ce fonctionnaire doit surveiller 228 kmq (Moyen-Tonkin), et, dans la région voisine du Haut-Tonkin, 725 kmq. Cette étendue s’agrandit même jusqu’à 6.577 kmq pour 1 fonctionnaire européen, dans les provinces Nord-Est du Cambodge; ét d’autre part les administrés peuvent atteindre le chiffre de 51.000. Il est à remarquer que la législation et, par conséquent, les points de contact entre les indigènes et nous se complique de plus en plus, et qu’il faut bien l’appliquer et l’expliquer.Le pourcentage maximum, par rapport au total d’un budget local, que représentent les dépenses d’ordre administratif et de police (en 1913), est de 47 % au Laos, où les conditions sont particulières (budget faible).
Il descend à 21 % en Cochinchine. Si l’on prend l’ensemble des dépenses politiques et d’administration générale sans distinction, les pourcentages sont évidemment plus forts, mais ils né dépassent nulle part 66 pc (Laos), et ils né sont au Cambodge et en Cochinchine, que de 50 %. Au Cambodge, ils étaient de 90% en 1899; et partout les dépenses de cet ordre ont diminué proportionnellement, au profit des dépenses économiques (Travaux publics, Agriculture, Forêts, etc.) et sociales (Instruction publique, Assistance médicale). Au budget générai, les dépenses d’administration ont baissé de 20 à 12 % (1913 par rapport à 1898). Dans l’ensemble de tous les budgets, les dépenses de cet ordre ont passé, pendant le même intervalle, de 12 à 18 millions de piastres soit une différence de 6 millions, pendant que les dépenses économiques et sociales s’accroissaient de 13 millions à 22 millions 1⁄2 de piastres, soit un gain de 9 millions 1⁄2.On né saurait donc dire que nous né sommes occupés que d’administration pure, administration d’ailleurs indispensable puisqu’il s’agit en somme (certains paraissent tentés de l’oublier quelquefois)de pays conquis.
En ce qui concerne la défense, notre contribution militaire, quoiqu’ayant été diminuée, représente encore 89% de celles versées à la Métropole par les colonies. Madagascar né verse que 5 % et l’Afrique Occidentale que 6 %. — Nous avons payé 181.000.000 de francs de 1899 à 1913 pour cette subvention aux dépenses de domination de la Métropole, sans compter les dépenses militaires spéciales à la colonie.Sans doute nos budgets ont augmenté depuis quinze ans ; de 12.300.000 piastres pour l’ensemble des budgets locaux, de 15.300.000 piastres pour le budget général. Mais il est légitime de compléter cette constatation par celle-ci: En ce qui concerne les budgets locaux, sauf trois fois en Cochinchine, trois fois au Cambodge, deux fois au Laos et une fois en Annam (et encore l’écart a‑t-il toujours été insignifiant), il y a toujours eu soit égalité entre les recettes prévues et les recettes réalisées, soit excédent de celles-ci sur celles-là. Pour le budget général, le déficit s’est produit trois fois seulement, en 1904, en 1905 et en 1906 (année de mauvaises récoltes d’ailleurs). Cela né semble pas indiquer un abus des facultés des contribuables. D’autre part, si l’on prend l’ensemble de tous les budgets, de 1901 à 1913, il y a toujours eu excédent des recettes sur les dépenses.
Tags: French Indochina, colonialism, economy, statistics, Cochinchina, Cambodian population, 1880s, 1900s, 1890s, exports
About the Author
Henri Brenier
Henri-Antoine-Marie-Joseph-Anatole Brenier (16 Aug 1867, Shanghai, China — 18 Feb 1962, Marseille, France) was a French journalist, economist, explorer, colonial administrator, merchant and writer who authored several studies on commercial exchanges with and from French Indochina in the 1890s, 1900s and 1910s.
Born in Shanghai to Antoinette “Isabelle” Brenier de Montmorand (1843−1883) and Georges-Albert Brenier (1833−1905) — who was director of the Shanghai branch of Messageries Maritimes, Brenier studied at Ecole des Sciences politiques in Paris, became editor-in-chief of the periodical Journal des Débats, and went back to Shanghai when he was appointed vice-director and later director of the Mission lyonnaise d’exploration commerciale en Chine [Lyon Commercial mission to China] (1895−1897), exploring Yunnan and Tonkin, traveling up to Sichuan, Lanzhou and Tatsien-Lou, then back to Hainan and Tonkin.
Back to Paris at the end of an expedition which had covered more than 20,000 kilometers, Brenier collated the massive information gathered across China, and on 6 July 1898 he joined the French Indochina administration, becoming head of the Department of Economics, General Government of Indochina from 1898 to 1914, where he deepened his interest in statistics and cartography and closely studied the opium trade. In 1901, he married Blanche de Revilliod (1875−1944) in Saigon (now Ho Chi Minh Ville), and was named honorary director of Marseille Chamber of Commerce (1902−1934), where he encouraged maritime exchanges between France and China.
Founding member of the Académie des Sciences d’outré-mer (1922−1962), member of the Académie des sciences coloniales en 1922, Brenier also had an inclination to poetry, collecting poems he had written in Indochina, India, Burma, China, Japon and France in a slim volume, Laques et cloisonnés (1931).
Publications
- “Du Tonkin considéré comme voie de pénétration vers le Sze-Tchouan”, Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris (BSGCP), 1896.
- “Le Tonkin, principales cultures, richesses du sol, industries, commerce”, BSGCP, 1896.
- “La Mission Brenier”, Dépêche coloniale, Sept. 1897.
- La Mission lyonnaise d’exploration commerciale de la Chine, Lyon, A. Rey et Cie, 1898, 531 p.
- “Le bananier sauvage en Indochine, son utilisation possible comme textile”, Bulletin économique de l’Indochine (BECI), vol IV, 1901.
- Note sur le développement commercial de l’Indochine de 1897 a 1901 comparé avec la période quinquennale de 1892 à 1895, Hanoi, 1902.
- Le marché du sucre en Extreme-Orient, Hanoi, Schneider, 1903.
- “Répartition saisonnière des récoltes et pluviometrie en Indochine”, BECI, Nov-Dec 1908.
- [with Henri Russier, head of the Education Department in Cambodia], Géographie élémentaire de l’Indochine [with maps and diagrams by Lt. H. Bancel], Hanoi-Haiphong, 1909.
- Un livre anglais sur le Yun-nan [extract from BEFEO Jan. 1910], Hanoi-Haïphong, Imprimerie d’Extreme-Orient, in‑8, 1910.
- [with H. Russier] L’Indochine française, avec 56 gravures dans le texte et 4 cartes hors texte en couleur, Paris, Librairie Armand Colin, 1911.
- [map 1/2500.000 in] A.C. Baudenne, “A travers le Laos (Guide à l’usage des voyageurs)”, BECI, 1911.
- Essai d’atlas statistique de l’Indochine française, Hanoi-Haiphong, Gouvernement Général de l’Indochine, 1914.
- “Où en est la question de l’opium?”, BECI, n 106, 1914.
- Les ressources de l’Indochine et leur mise en valeur après la guerre, 1917.
- French Points of View, being letters to the British Press and others, Paris, 1921; facsimile Gyan Books, 2017, 67p.
- Le traité de Versailles et le problème des réparations : le point de vue français, 1921.
- Congrès de l’organisation coloniale: Présentation, 1922.
- Essai d’atlas statistique de la IXe Région économique: Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches du-Rhône, Var, Vaucluse, Gard, Corse, 1927.
- Laques et cloisonnés: Sonnets, Paris, Éditions de la Revue des Poètes, 1931, 111 p.